Le cycle de la vie

 


         Au milieu des champs, tout près d’un mas aujourd’hui décrépi, l’arbre se meurt, tendant ses bras dénudés vers le ciel bleu ; son tronc craquelé, troué, continue malgré tout à se tenir droit ; c’est un patriarche qui attend la fin du temps qui lui a été octroyé. De loin, il semble attentif à la vie montante de ses frères nourris par la sève qui, maintenant, lui fait défaut.




         Lui aussi, autrefois, a connu la poussée drue et verdoyante d’une parure feuillue que le soleil aimait réchauffer de ses rayons. Il se souvient avec nostalgie de la brise matinale qui le faisait frissonner, de la rosée dans laquelle il s’agitait avec coquetterie, des couples d’amoureux blottis à ses pieds, se murmurant de folles promesses tout en dessinant, sur son écorce brune,  des cœurs  entrelacés.



         A cette époque, le mas vivait lui aussi !  les rires et les jeux des enfants l’enchantaient et les oiseaux curieux nichaient dans les creux de ses bras résistants et protecteurs... Aujourd'hui les enfants sont partis et les oiseaux lui préfèrent la fraîcheur d'un feuillage verdoyant pour y bâtir leurs nids !


                                          
          "- Bah, se dit-il avec un sursaut d'énergie, grâce à ma bonne santé, j’ai au moins échappé à la tronçonneuse... Je n’aurais pas du tout apprécié être transformé en planches... Je vais m’en aller, doucement, dans la solitude et dans la nuit qui va s'installer... Je vais retrouver les miens en retournant au néant... Bientôt l’on m’oubliera... sans doute servirai-je à allumer un bon feu, sous les coups de hache d'enfants devenus grands ! Ce sera une belle fin de vie ... Il me faut laisser la place !... 

                "-Pourtant, j'imagine très bien les années qui vont suivre... j’entends le ronronnement des tracteurs ; mon lit sera retourné ; de jeunes plants seront installés, surveillés jalousement  comme je l'ai été dans ma jeunesse... chaque branche, chaque bourgeon fera la joie d'une nouvelle génération laquelle, à son tour, pourra s'abriter sous un tendre feuillage !... 

               
                       La vie reprendra son cours et l'arbre vigoureux et insouciant oubliera qu'il n'est pas éternel !



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