La vie est faite de questions...
Depuis
quelque temps la même question me trottinait dans la tête… Elle
était arrivée sans prévenir, à pas légers, sans vraiment que je
m’en aperçoive… Elle s’était mêlée à ma vie quotidienne
s’installant définitivement dans un coin de mon cerveau, pour se
rappeler à mon bon souvenir n’importe quand !… En balade,
lorsque je faisais les courses, en cuisinant… Sans état d’âme
elle coupait la lecture d’un bon livre, une émission de télé…
se mêlait même aux conversations… Elle assurait son emprise un
peu plus jour et nuit… Il me fallait donc m’y arrêter, essayer
d’y répondre, pour passer à autre chose… la situation devenait
vraiment inconfortable !…
« Peut-on
cesser d’écrire ? Lorsque l’écriture a fait partie
intégrante de sa vie, est-ce qu’un beau jour on peut affirmer que
c’est terminé ?… »
J’en
étais là lorsque, tout près de chez moi, s’est produit un
événement dramatique, inattendu…
C’était
lors d’un après-midi maussade d’un mois de mars pluvieux et
gris… Vers cinq heures, le temps fraîchit et un coup de vent
intempestif me surprit et me fit relever la tête. Avec la vague
d’air frais arrivaient des cris, des bruits de voix, des
aboiements… Il me semblait que tout cela provenait de tout près,
du champ en bas de chez moi… J’habite à côté d’une petite
rivière aux eaux tranquilles d’habitude ; mais, cette période
humide avait gonflé le courant qui dévalait bruyamment désormais
en traînant branches arrachées et pierres moussues.
Aquarelle |
Je
me levai d’un bond, craignant soudain je ne sais quelle avarie, et
restai interloquée en apercevant un attroupement sur la berge
marécageuse. Sans réfléchir j’enfilai grosses chaussures et
parka pour aller voir si je pouvais être utile.
Arrivée
sur les lieux, je découvris, couché sur une couverture de fortune,
un garçonnet d’une dizaine d’années auquel on prodiguait des
soins… Son visage livide, son petit corps inerte, ses yeux fermés,
me firent tressaillir… Non, il n’était pas ?…
A
ma question muette une voix proche répondit très vite :
« Non,
il reprend vie, le SAMU va arriver, tout a été fait rapidement…
Je pense qu’il va s’en tirer » !
Je
ne connaissais pas l’enfant ! Çà et là juste quelques
visages m’étaient familiers : quelques personnes qui avaient
agi en temps voulu, qui l’avaient récupéré dans l’eau
bouillonnante, réchauffé, pris en charge, sauvé !…
Lentement
je remontai la pente, serrant frileusement contre moi ma parka, le
corps soudain tremblant, la tête agitée de nouvelles questions sans
réponse…
Ce
jour-là, je rentrai chez moi, fermai la fenêtre restée entrouverte
et me remis à écrire…
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