Une robe de satin blanc

 


    Je les ai portés une fois… une seule fois… Depuis ce jour mémorable ils dorment là, au fond du tiroir, avec des mouchoirs en linon et un peu de dentelle… ils prennent si peu de place !…Peut-être sont-ils en organdi, en nylon ou en polyester je ne sais pas…


    De la boite en carton j’ai retiré deux gants blancs , transparents, et n’ai pu m’empêcher de les enfiler… ils sont si fins, si adaptés à mes doigts qu’en fermant les yeux les évènements surgissent avides de renaître… C’était il y a tant d’années… C’était un matin d’avril…


    Dans la robe qui les accompagnait, forme princesse, toute de satin blanc damassé, j’avais taillé deux robes pour mes filles ! L’une concernant l’aînée, lorsqu’elle avait six ans et devait suivre un cortège de mariage… je m’en souviens très bien : jupe corolle froncée à la taille, décolleté un peu évasé faisant ressortir la douceur et la blancheur des petits bras potelés… pas de manches, on était au mois d’août ! J’avais souligné sa taille d’un ruban de velours rouge… Avec ses grands yeux bleus surmontés de cheveux blonds, indociles, retenus en chignon tant bien que mal, ma petite demoiselle d’honneur était adorable !


    Pour la seconde robe, j’avais utilisé ce qu’il restait de la longue jupe à traîne… Cette fois-là il s’agissait de vêtir en blanc ma cadette pour un jour solennel… elle avait sept ans et faisait sa première communion ! Je m’étais donc appliquée à couper dans ce beau satin une robe courte, assez ample, buste ajusté sous un petit col brodé de fleurs… J’étais assez fière du résultat… et l’intéressée avait le regard brillant ! Je m’en souviens comme si c’était hier !


    Ensuite… eh bien, avec quelques chutes de satin il ne restait plus qu’un corsage un peu jauni, assez collant, col cassé, manches trois quarts que j’avais jeté, je l’avoue, avec un pincement au cœur  !


    Une robe de satin et deux gants blancs… légers, aériens, tels deux papillons butinant un pan de souvenirs au fond de ma mémoire !

    Avec un peu de nostalgie je les ôte, les lisse… je retrouve leur aspect un peu crissant… puis les repose dans la boîte en carton… jusqu’à la prochaine fois !






Commentaires

  1. Très joli texte, comme tous les articles de ce Blog. Merci du partage.

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