le témoin du temps d'avant...

 



Est-ce un mur, est-ce un fort?
Il est planté là, en haut de la colline,
majestueux, il s’avance en vainqueur…
Décidément, il est tout autre chose qu’une ruine!

L’herbe est rare, brûlée par le soleil,
et le bleu du ciel l’enserre en son écrin…
Quelques buissons jaunis lui servent de tremplin,
seul un arbre dénudé élève ses rameaux
pour tenter un brin de causette…
Mais, impassible, le monstre érodé tend l’oreille vers l’azur,
car il voudrait encore surprendre l’hirondelle,
accrocher les nuages et vibrer comme l’éclair…
Il sait qu’il n’en n’a plus la force
et, sous sa truffe noircie
un gouffre sans fond vibre de mélancolie…


Il se souvient du temps, du temps de sa jeunesse,
quand il était vaillant,
quand il était si beau
que l’on se déplaçait de dix lieues à la ronde
pour admirer ses formes épanouies,
sa pierre lisse faite de sable chaud
et son fronton inaccessible…
Il se souvient de sa fierté
lorsqu’il servait de guet
pour surprendre l’ennemi…
lorsque ses remparts assuraient la protection
de tout ce peuple ami,
qui l’avait modelé
et construit…

Hélas, sur lui aussi les ans avaient laissé leurs traces
et buriné sa face;
alors, il s’était affaibli
et, lentement, avait sombré dans l’ennui…


Il se réveillait parfois, comme aujourd’hui,
sous un regard compréhensif
qui lui soufflait qu’il restait impressionnant
et que, malgré la malice du temps,
il gardait son importance
et demeurait une présence,
un signe concret du temps jadis,
un signe vivant et émouvant
de ce que fût... un autre temps!



Commentaires

Articles les plus consultés