L'Ecole





« Longtemps avant que l’enseignement primaire ne trouve sa place et ne s’installe définitivement à travers villes et campagnes, notre village, comme tous ceux du Queyras et du Briançonnais en général, avait son école, tenue par un de ces enseignants saisonniers que la communauté villageoise engageait chaque année, lors des foires d’automne. Ceux qui sollicitaient un emploi de maître d’école durant cinq ou six mois d’hiver arboraient une, deux ou trois plumes à leur chapeau selon qu’ils pouvaient enseigner la lecture et l’écriture (une plume), la lecture, l’écriture et le calcul (deux plumes) et même y ajouter le latin (trois plumes). »

Tiré de « Un parfum d’encre et de craie » écrit par Céleste FOURNIER native de Ceillac dans les Hautes-Alpes. (C’était donc avant 1882)


        Les temps ont changé, mais il va sans dire que, malgré mon « grand âge », je n’ai pas connu cette façon de recruter l’instituteur !… Pour moi, à la fin de la seconde guerre mondiale j’étais en primaire dans une école dont chaque classe comportait, entre autres priorités de l’époque, un poêle à bois et un tableau noir sur lequel était accrochée la carte du monde en couleurs… on séparait toujours les garçons et les filles de façon, je pense, à respecter la morale…


     Mes souvenirs de pré-adolescente sont ceux d’une enfant timide et docile, aux membres dégingandés sous une tignasse volumineuse et crêpée par l’indéfrisable de l’époque (il fallait que ça dure…) faisant de son mieux en vue de décrocher le « Certificat d’Études » : laissez-passer obligatoire pour envisager des études professionnelles ! Ma profession ?… Je ne l’ai pas choisie, simplement je préférais l’instruction générale aux cours de couture proposés par l’Établissement dans lequel j’étais inscrite si bien qu’après quelques mois infructueux dans la section ménagère, j’ai pu rejoindre une classe plus appropriée à mes envies ! Quelques années après, munie d’un « Brevet professionnel de secrétariat » je me suis retrouvée dans un Cabinet d’Assurances pour faire fonction de dactylo !… Voilà comment, à cette époque, la route était tracée sans que l’intéressé ait vraiment son mot à dire !

     A 18 ans l’école était terminée et j’entrais dans la vie active par nécessité mais aussi avec un certain plaisir ! Enfin la liberté : pourtant elle était toute relative, la majorité était encore à 21 ans et j’avais reçu une éducation assez sévère mais suffisamment juste pour me sentir responsable de mes actes et ne pas inquiéter ma mère par des agissements intempestifs !

     Et puis, ce fût vous, mes enfants qui entreprirent vos années d’école dans d’autres conditions : celles des années 1960-1990… Là mes souvenirs sont tout autres et je parie que pour vous ces années ne paraissent pas si éloignées : Je vous revois en maternelle (vous y alliez en vous donnant la main…), en primaire (avec un soupçon d’indépendance…), au collège, au lycée (chacun son chemin…) !

     Depuis le destin vous a emportés ailleurs, loin, vers une autre vie… la vôtre, celle pour laquelle l’école vous a préparés, guidés ! Vous en avez pris les rênes et, à votre tour, avez inscrit vos propres enfants dans des écoles plus modernes, plus dynamiques mais dans lesquelles le savoir est toujours donné pour former chaque individu à sa destinée (malgré le masque)!

     L’École est et sera toujours un moment privilégié de l’existence ! Ne serait-ce que parce qu’elle nous rappelle notre enfance…


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