Voyages avec un âne...


Chemin de Stevenson 


       Voici une excellente façon de passer ses vacances en respirant l’air pur des Cévennes... par exemple !

En septembre 1878, R.L. STEVENSON accompagné d’un âne – mais à pied – traversait en douze jours les Cévennes, de Monastier à Saint-Jean-du-Gard. Dormant sous les étoiles qui avaient éclairé la révolte des camisards, attiré par la voix lointaine d’une flûte, emporté par les ombres qui valsaient en mesure à l’appel du vent, se lavant dans l’eau courante des rivières, amical envers les moines trappistes comme envers les dissidents protestants, il découvrit la magie des rencontres, la complicité des paysages, l’ivresse de la liberté. Trouvant dans une approche sensuelle et poétique de la nature toutes les raisons de croire en l’amour qui allait changer son existence, il ramena de cette marche sur les chemins des bergers, le livre le plus cordial et le plus confiant en la vie.
(4° de couverture)


Extraits « Un gros paysan m’apprit le véritable cri ou le mot maçonnique des âniers : « Prout ». Tout le temps il me regarda d’un air sardonique et comique, gênant à supporter et il se moqua de ma manière de mener un baudet, comme j’aurais pu me moquer de son orthographe… J’étais fier de mon savoir neuf et pensais que j’avais appris à perfection l’art de conduire… Je dépêchai mon repas de midi et bientôt en avant de nouveau ! Hélas ! Tandis que nous grimpions l’interminable colline sur l’autre versant : « prout » semblait avoir perdu sa vertu. Je « proutais » comme un lion, je « proutais » doucereusement comme un pigeon qui roucoule, mais Modestine n’était ni attendrie ni intimidée… Le bruit des coups que je lui administrais m’écœurait. Une fois tandis que je la regardais, elle me parut ressembler vaguement à une dame de ma connaissance qui m’avait autrefois accablé de ses bontés… Et, à la fin, dans le village d’Ussel, le bât et le fourniment au complet, firent un tour de conversion et se vautrèrent dans la poussière, sous le ventre de l’ânesse. Elle, au comble de la joie, aussitôt se redressa et parut sourire… J’avais un mal du diable à remettre l’attirail en place et, à la minute où j’avais réussi sans hésiter, il dégringolait et retombait de l’autre côté… Il fallut assumer ma part de partage : un bâton, une bouteille de deux pintes, une vareuse de pilote aux poches lourdement chargées, deux livres de pain bis, un panier sans couvercle empli de viandes et de récipients. Je crois que je peux dire que je ne suis pas dépourvu de grandeur d’âme, car je ne reculai pas devant cet infamant fardeau… Modestine tentait, selon son invariable habitude de pénétrer dans toute maison ou courette, tout le long du chemin. Et, encombré comme je l’étais, sans nulle main pour m’aider, aucune phrase ne saurait donner une idée de mes difficultés… « 


Robert Louis STEVENSON (Écrivain Écossais et grand voyageur 1850-1894)

      La sympathie suscitée par le livre provient plutôt du climat dans lequel baigne le voyage et du ton avec lequel l’auteur le raconte ainsi que par la qualité du regard qu’il pose autour de lui. C’est un livre chaleureux, amical, qui ruisselle de bonne humeur, de bonne volonté, de disponibilité, d’indulgence, de compréhension, de sensualité, de reconnaissance pour la magie des rencontres et pour les plus petites joies que la vie offre chaque jour ! Un livre plein de confiance en la vie… Nous en avons bien besoin !


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 “Je ne voyage pas pour aller quelque part,mais pour voyager;je voyage pour le plaisir du voyage.L’essentiel est de bouger;d’éprouver d’un peu plus près les nécessités et les aléas de la vie,de quitter le lit douillet de la civilisation,et de sentir sous ses pieds le granit terrestre avec, par endroits, le coupant du silex.”


Robert Louis Stevenson 


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