Le cas Sneijder

 


   Mis à jour le 21 juin 2023

 L'Académie du Goncourt (2019) a sacré l'écrivain Jean-Paul DUBOIS pour son roman "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon". Cette récompense supplémentaire dans son parcours d'auteur  m'a incitée à me plonger sur l'un de ses anciens succès, dans lequel il passe de la dérision à la mélancolie, de la mort à la fantaisie avec la  belle écriture qu'on lui connaît ! Une réussite que je me propose de vous faire partager…

Paul Sneijder est l'unique survivant d'un accident d'ascenseur. Sa fille y a perdu la vie. Depuis ce jour sa perception de la réalité s'est affinée… Comment continuer à vivre avec une épouse tyrannique qui ramène un poulet rôti tous les jours ou elle voit son amant ? Alors il promène des chiens…


" Je devrais être mort depuis le mardi 4 janvier 2011, et pourtant je suis là, chez moi, dans cette maison qui m'est de plus en plus étrangère, assis, seul devant la fenêtre, repensant à une infinité de détails, réfléchissant à toutes ces petites choses méticuleusement assemblées par le hasard et qui, ce jour-là, ont concouru à ma survie. Nous étions cinq dans la cabine. Je suis le seul survivant…"

"... Je sais ce que l'on dit : qu'il est impossible qu'un ascenseur s'écroule de la sorte, qu'il est équipé de ce que l'on appelle un "parachute",  mécanique de secours infaillible assurant dans le même temps le freinage et le blocage de la cabine, s'activant en cas de rupture des quatre câbles tracteurs… Et pourtant force est de reconnaître que notre "parachute" ne s'ouvrit jamais, que nos suspentes lâchèrent d'un coup et que nous heurtâmes les amortisseurs de fond de cage avec une violence inouïe…"

Le "cas Sneijder" nous entraîne aussi vers le rire :

"... Ma petite troupe se composait, me semblait-il, d'un labrador noir, d'un golden retriever, d'un setter irlandais, d'un cocker spaniel et d'un tout jeune chien de petite taille, tacheté de noir et de blanc et impossible à identifier comme s'il avait été fabriqué avec les restes de toutes les autres races. Ce fut lui qui au bout d'un quart d'heure de marche m'intronisa membre de cette confrérie dans laquelle je redoutais d'entrer. La cérémonie se déroula très simplement. Je posai un genou à terre, enfilai un gant, dépliai le sac et fit ce qu'un être humain ne devrait jamais avoir à faire… La tempête de neige déposa un voile pudique sur la célébration…"

On le lit d'une traite… Un très bon moment




Commentaires

Articles les plus consultés