La solitude du marin

 

           On a beaucoup écrit sur la mer... sur son immensité, sa beauté, ses bienfaits, ses dangers, son mystère...

                  Venant de terminer un ouvrage d'Olivier de KERSAUSON écrit lors de son premier tour du monde en solitaire, pour  vous inciter à le lire, je vous livre ici quelques  paragraphes très poétiques, très descriptifs de sa vie en mer, en espérant que vous les apprécierez autant que moi :

"Durant mes veilles d'aveugle, dans ce voyage hors du temps, privé du spectacle de l'extérieur, je laisse remonter mes souvenirs. Il y a ceux des visages aimés, qui sortent des  secrets de l'âme, douloureux. Je me sens si loin... presque mort dans mon au-delà de brume... Traînant mon baluchon de rêve et de chagrin, je suis une âme qui erre sur l'océan à la frontière des vivants et de l'éternité. 

"J'ai oublié le bateau, il est devenu mon prolongement, une partie de moi-même. Et pourtant, il est bien là, avec ses vingt trois mètres de long. Toute son histoire me revient en mémoire et, avec elle, l'une des plus grandes joies de ma vie. Je vais vous la raconter..."

et encore, au passage des quarantièmes rugissants :

"C'est un monde sauvage et hostile mais en même temps paré d'une beauté et d'une magie particulières. Lorsqu'on navigue en solitaire dans ces zones-là, on a l'impression d'être le premier homme vivant, puisqu'on est le seul homme du monde désolé que l'on est en train de traverser. Le seul représentant de l'espèce humaine à des milliers de milles à la ronde. C'est le plus grand désert du monde... là il n'y a RIEN... aucune route aérienne où maritime ne passe par là... C'est un monde tellement hostile qu'il est impossible d'y survivre sans un peu de chance...

" C'est par amour de la vie que l'on part se promener dans des endroits risqués et sublimes. Et aussi parce que la nature est belle. A la limite de l'indicible. L'émotion que l'on éprouve dans les mers du Sud est très éloignée du quotidien connu... On est soi, avec son bateau, seul, dans l'immense désert de l'océan..."

"Vieil Océan"