Créer... Imaginer... Ecrire...

Acrylique

          Anne poussa un profond soupir et se dit qu’il lui fallait trouver un début à ce fichu texte !… Anne c’est moi… Mais de quoi vais-je parler ?… Quel sujet mettre sur la table, ou plutôt sous mon stylo ?… Les idées me fuient… Impossible de mettre le nez dehors, le vent me coupe la respiration… et l’imagination !…

 

           Je pourrais aborder un problème de société… Pourtant je ne suis pas venue ici pour ressasser ce qui ne va pas ! Quant à ce qui va bien, heureusement j’ai encore le choix ce qui m’entretient le moral… Il n’empêche que je me sens « vide » aujourd’hui, j’ai besoin d’aide…

 

           

  C’est ainsi que je me suis tournée vers la jonquille en ce mois de mars un peu morose :


– » Explique-moi pourquoi je me sens à court d’inspiration alors qu’en te regardant je suis inondée de soleil ?…
– » C’est peut-être que tu vas chercher trop loin ce que tu as à portée de main… Plonge ton regard dans mon cœur, il saura te parler… »

 

J’ai continué mon chemin au milieu des vergers dénudés et ai pensé que, peut-être, ces espaliers torturés allaient pouvoir me renseigner :


– » Je n’ai aucun ressort, mais je ne vous trouve rien d’engageant actuellement…
– » Crois-tu ?… Ne sais-tu pas qu’une explosion de vie se prépare longtemps à l’avance et qu’il faut réunir toutes les conditions pour qu’elle puisse revenir à temps ?… Ne vois-tu pas au bout de nos bras décharnés ces fêlures qui présagent les premiers bourgeons ?… »

           Sans doute, pensai-je mais, toi le vent si violent ce matin, exprime-toi un peu mieux et dis-moi pourquoi tu t’engouffres partout, pourquoi tu casses les arbres, pourquoi tu n’arrives pas à te calmer un peu… il me semble qu’un souffle plus doux serait plus reposant et inciterait davantage à la création, à la concentration…

 

– » Ne parle pas sans savoir… D’abord je ne casse que du bois mort… ou presque, une erreur est vite arrivée, tu le sais ! Réfléchis au lieu de râler : grâce à moi l’air est purifié autour de toi, grâce à moi les relents de l’hiver s’éloignent au lieu de s’agglutiner… patiente un peu et ton esprit va en récolter les bénéfices… Déjà les nuages lourds et gris s’estompent pour faire place aux voilages pastels du renouveau, aux dentelles délicates de la bruine nourrissante… Tu devrais apprécier mes efforts pour accueillir la nouvelle saison… »


         Chaque interrogation faisait surgir des réponses plausibles et petit à petit se mettait en place une réalité nouvelle ! Longtemps je marchai, longtemps je questionnai jusqu’à ce que le torrent me crie bien haut, de sa voix claironnante, qu’il était grand temps d’arrêter de divaguer…


– » Regarde la nuit arrive et si je n’avais pas été présent tout le long de ton parcours pour éviter que tu ne te perdes, que serais-tu devenue ?… Reprends le chemin en sens inverse, rentre chez toi, ton stylo t’attend près d’une feuille blanche… Prends-le et raconte… »





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