Cueillette d'automne
Les forêts de pins et de mélèzes étaient propices à la promenade et à la rêverie. Elles se succédaient à la sortie du village à partir de la cabane du père Ludovic (Ludo pour tous ceux qui le connaissaient, et ils étaient nombreux...) ! Bien sûr la maisonnette pimpante et fleurie n’avait plus rien de son allure primitive mais chacun avait gardé ce terme de « cabane » en parlant du logis de Ludo !
Celui-ci vivait en solitaire, avec son chien, Titus, pour seul compagnon. Ludo profitait de cet accès facile à la forêt pour y faire de longues échappées dans lesquelles, selon l’époque de l’année, il écoutait chanter le torrent, pépier les moineaux, crisser la neige sous ses pas ou chuchoter les feuillages de quelques peupliers perdus dans cet espace de résineux !... Mais, sa saison préférée restait l’automne ! Depuis fort longtemps il avait repéré, dans un espace connu de lui seul, accolés à d’énormes sapins verdoyants et majestueux, quelques feuillus qui se paraient de roux et d’or et sous lesquels surgissaient, après l’ondée, des cèpes ventrus et des amanites colorées dont il se faisait des poêlées savoureuses... Avec un sourire satisfait, il les faisait admirer, parfois goûter, aux promeneurs mais sans jamais dévoiler le secret de sa bonne fortune !
Ce n’était pas sur le passage principal qu’il les trouvait et, sans difficulté, il pouvait donc en conserver le mystère !
Ces randonnées étaient sa vie et remplissaient une importante partie de ses journées, été comme hiver ! Jamais il n’avait envisagé dépasser les derniers mélèzes comme un voyageur curieux de ce qu’il pouvait encore découvrir au-delà de ces forêts aux allures de cathédrales... Son coin il le connaissait par cœur et il l’aimait ; il y resterait jusqu’à la fin de ses jours sans jamais rêver à quelque région inconnue dont il n’avait que faire et qu’il laissait à d’autres sans le moindre regret !
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