Le rêve de la puce acrobate ...




mis à jour le 7/8/2019

La puce calculait, la puce cogitait…


– » Aurais-je donc entrepris ces longues études acrobatiques, épuisantes il faut l’avouer, pour me sentir à l'heure actuelle totalement incapable de me retrouver en haut de ce mélèze orgueilleux qui ne daigne même pas me jeter un regard ?… Si au moins il se penchait vers moi je pourrais lui débiter mon propos…

 Sans doute n’ai-je pas l’élégance de la fauvette, les cordes vocales du merle, ou même la ruse de cet écureuil qui l’amadoue en lui curant les articulations ! Autant de capacités dont il profite pour se gonfler de son importance… L’humilité ne l’étouffe pas, c’est sûr, et pourtant que serait-il sans eux ? Sans les concerts réguliers dont il régale le voisinage mais en oubliant qu’il n’est qu’un support d’artistes… sans les jeux des moineaux toujours prêts à s’égayer dans ses rameaux pour picorer les écailles de ses cônes accrochés près des lumineuses rosettes, jeux qui lui conservent sa jeunesse verdoyante… sans les soins des insectes et des rongeurs qui le débarrassent de son acné urticant ou de ses humeurs malodorantes … sans qu’il ait à intervenir… Il ne se rend pas compte qu’on a toujours besoin d’un plus petit que soi et qu’on ne doit dédaigner personne !… Comment attirer son attention ? J’aimerais tellement m’installer au sommet de son crâne chevelu, la vue doit y être magnifique, le soleil plus chaud et l’ombre délicieuse…Je suis même prête à me mettre au régime et faire une cure de verdure… c’est dire ! Pourtant mon rêve me paraît bien compromis… Dis-moi, mélèze de mon cœur , baisse un peu les yeux sur la terre qui te porte, tout près de la fontaine et envoie-moi une de tes branches aux longues aiguilles ! Tu peux d’un simple coup de vent me transporter vers ton auguste front et me déposer tout près du ciel… Ne rêves-tu jamais, toi ?… »



Albert, le mélèze, impassible, continue sa méditation solitaire et semble n’avoir aucune envie de se pencher plus bas… De toutes façons, pourquoi le ferait-il ? Pour satisfaire une petite puce qui, malgré son évolution artistique, reste un insecte sans beaucoup d’intérêt ? Il faudrait d’abord qu’il l’ait vue, qu’il l’ait remarquée et la petite puce sait bien, au fond d’elle-même que c’est tout à fait impossible, et qu’elle parle dans le vide…



CONCLUSION Quand on est une petite puce, même acrobate, on se contente de rêver à hauteur de son gabarit !



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